Une alimentation locale pour tous, est-ce possible?

Publié le par Margaïd

Une alimentation locale pour tous, est-ce possible? Manger 5 fruits et légumes par jour tout en favorisant l'agriculture locale. Une exigence d'une partie des consommateurs à laquelle répondent les associations pour le maintien de l'agriculture paysanne (AMAP). Le principe ? On s'abonne pour une durée de 6 mois, et en échange, on reçoit chaque semaine un panier garni de fruits et légumes de l'agriculture locale et biologique. En Isère, elles rencontrent un succès grandissant. Pour la seule ville de Grenoble, on en compte 14 qui distribuent plus de 400 paniers chaque semaine.

L'association Soli'Gren, qui milite pour une consommation responsable, propose également des paniers issus de l'agriculture locale. Plus de trente familles ont adopté la formule.
Comme chaque mardi après midi, jour de distribution des paniers, Christiane Mettra, bénévole, s'affaire dans l'arrière boutique de la rue Maginot. Les fruits et légumes livrés par des producteurs des alentours sont conservés dans une petite chambre froide.“Il n'y a pas autant de choix qu'en grande surface, admet Christiane, mais tous les produits frais sont locaux et de saison”. Ce qui transforme parfois la confection des paniers en un vrai casse tête. “La saison a été difficile pour les producteurs, à cause des fortes pluies.” Résultat de cette saison calamiteuse, il n'y aura pas de tomates au menu cette semaine. “Au lieu de mûrir, elle ont attrapé le mildiou, et le producteur n'a pas pu nous les livrer comme prévu.”.Mais il faut pourtant que Christiane confectionne 20 paniers parfaitement identique. Alors tant pis, elle seront remplacées par des pommes de terres.

Contre partie de cette consommation locale : le prix. Il faut débourser 247 euros pour un abonnement de 6 mois aux paniers Soli'Gren de 3 kg. “Cela revient à 9 euros 50 par semaine” précise Christiane. Dans un supermarché voisin, le même “panier” coûte deux euros moins cher. De quoi décourager les petits budgets. “Les paniers Soli'Gren sont plus connus des milieux aisés que des milieux à bas revenus”, reconnaît Jean Philippe Moutarde. Il est animateur de l'association, et s'occupe plus particulièrement d'un projet de distribution de paniers de fruits et légumes dans des quartiers défavorisés de Grenoble. “Nous souhaitons faire accéder les personnes à bas revenus à la consommation responsable par un système de solidarité entre les consommateurs”. Un panier à 9 euros 50 financera un panier aidé, qui coûtera 6 euros 50 aux bénéficiaires, des familles au coefficient inférieur à 610 et des étudiants. “Cela nous permettra d'autofinancer ce projet”. En outre, la période d'abonnement à ces paniers aidés ne sera que de deux mois. “Nous espérons ainsi distribuer 30 paniers dans les centres sociaux Mistral et Capuche, à partir du mois de décembre”.

Jean Philippe Moutarde pense ensuite étendre la distribution à d'autres quartiers de la ville. “ Mais arrivera un moment où nous ne pourront plus grossir. La quantité de produits que peuvent nous fournir les producteurs locaux n'est pas illimitée”. Nourrir toute la population grenobloise avec la seule production locale paraît impossible. Christiane nous le confirme: “Parfois, on est obligés de compléter les paniers avec des bananes ou des oranges du commerce équitable.” Les étals de fruits et légumes des supermarchés ont encore de beaux jours devant eux.
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