Crise financière: les médias en font-ils trop ?

Publié le par Margaïd

Impossible de l'éviter, elle est partout. La crise financière a envahi nos journaux, nos radios et nos écrans, avec des titres tour à tour rassurants ou inquiétants. “La plus grande crise depuis 1929”, comme l'appellent certains spécialistes et journalistes est ainsi en bonne place dans les kiosques. Cependant, les marchands de journaux du centre ville sont catégoriques. L'étalage à la une des quotidiens des épisodes de la crise ne fait pas vendre.


Pour Mokdad Ghassan, qui vend des journaux dans un tabac proche de la place Victor Hugo, “la plupart des lecteurs de quotidiens l'achètent par habitude, peut importe le sujet à la une”. Il remarque tout de même que certains magazines ayant choisi de faire un dossier sur la crise financière sont partis très vite. Mais pas forcément avec des épargnants: “ce sont plutôt de jeunes étudiants intéressés par le sujet”.


Au Mag'Presse des Vendra, on reconnaît avoir vendu plus de quotidiens économiques que d'ordinaire. “Par contre les revues renseignant sur les placements se vendent beaucoup moins”. La crise financière ne dope donc pas les ventes d'une presse nationale que l'on dit morose. “Vous savez, ajoute Madame Vendra, les gens font de toute façon très attention à leur porte monnaie”. “Et ils sont inquiets, renchérit Monsieur Vendra, et tous ces gros titres, ça ne rassure pas, ils râlent beaucoup après les banques.”

Entrent deux clientes. Elles choisissent un magazine de loisirs. “Nous, on ne lit pas les journaux”. Elles n'ont cependant pas échappé au 20 h. Pour elles, tous ces sujets sur la crise diffusés à l'heure du dîner “ne font qu'amplifier le problème”.


C'est également l'avis de Renan Trovoro, banquier. “Les gens sont très inquiets par ce qu'ils voient à la télévision, surtout les personnes âgées et les petits épargnants”. Une inquiétude due selon lui à une mauvaise information. La preuve: “les personnes au courant de l'actualité financière continuent à investir et à faire des bénéfices”. Alors, Renan n'approuve pas vraiment la manière dont les médias traitent la crise:“ ils affolent plus qu'ils ne rassurent pour faire de l'audience, ce n'est pas comme ça que l'on va s'en sortir”.

Plusieurs choses agacent Renan Trovoro dans le traitement de la crise financière, plus particulièrement à la télévision. “Ils mettent toutes les banques dans le même panier, alors qu'il y a de grosses différences”. Et elle ne met pas suffisamment en avant les garanties dont bénéficient tous les petits épargnants. “70 000 euros sont garantis pour chaque compte épargne, compte chèque et assurance. Mais l'on n'en parle pas dans les médias.” Conséquence, “cette semaine, j'ai encore dû convaincre un monsieur de ne pas retirer toute ses économies de la banque.”


Un commerçant voisin, Jean-Charles Roseto, fait les mêmes reproches. Il a l'impression que “les journalistes amplifient les conséquences directes de la crise sur les petits épargnants”. Pour lui l'analyse de la crise financière dans les médias n'est pas assez appronfondie. “On ne sait toujours pas comment il est possible qu'une banque qui possède 15 milliards d'euros en perde 300 milliards”. Ses clients aussi, d'après lui, se méfient du discours médiatique. “ Ils n'ont aucune confiance en ce que disent les journalistes.”


Alors, la crise financière aurait-elle été sur-médiatisée ? C'est en tout cas ce qu'affirme Renan Trovoro: “Pour l'instant, il n'y a pas de raison de s'inquiéter... même si ce n'est que le début et que 'on ne sait pas trop où on va”. Le discours du banquier n'est pas non plus très rassurant.

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